Ça ne me dérangerait pas qu'il provienne d'un coin obscur de la planète, ne parle qu'un dialecte et n'ait que 30 ans. Mais je souhaite que le feu de l'Esprit ait profondément gravé dans ses entrailles que la libération des pauvres, des opprimés et des exclus est le cœur de tout ce que Dieu veut pour l'humanité.

Qu'on l'entende aussi souvent parler de justice et de liberté que d'amour et de paix. Qu'il ne soit ni fanatique ni directif, ait le sens de l'humour, soit joyeux, créatif et audacieux. Qu'il refuse la monarchie, ne vive pas dans un palais, jette aux orties les dernières élégances de l'Empire de Rome, s'habille comme les simples mortels et transforme ses ambassades de par le monde en centres de promotion des Droits des personnes et des collectivités.

Qu'il se tienne un peu loin des caméras et les invite poliment à filmer le visage des oubliés de la société plutôt que le sien. Qu'il aille à la rencontre du monde entier, mais par la porte de service et non celle des rois, se souciant davantage du bonheur des 99 brebis souvent perdues dans la brume que de la seule brebis grasse qui roupille dans le bercail.

Qu'il ne se prenne pas pour Dieu sur terre, ni propriétaire de l'Église ou de l'Évangile. Qu'il soit libre face aux tabous sexuels, et qu'il soit convaincu que l'Esprit de Dieu est aussi présent dans la femme que dans l'homme. Qu'il ne doute jamais que pour les graves questions qui se posent dans le monde actuel l'Esprit est capable d'inspirer les consciences aussi brillamment que les meilleures encycliques.

J'attends de lui que, dans les pires naufrages, il garde les yeux fixés sur la Résurrection et ne cesse de nous confirmer dans la foi que la vie finira toujours par l'emporter sur nos morts et nos bêtises.

Enfin, qu'il vive de manière à ce que lorsqu'il mourra (probablement assassiné par son entourage) on parle peu de lui et beaucoup de Jésus, dont il n'aura été après tout qu'un humble témoin.

Eloy Roy