Buscador Avanzado

Autor

Tema

Libro de la biblia

* Cita biblica

Idioma

Fecha de Creación (Inicio - Fin)

-

CELLE QUI N'EXISTAIT PAS

Rate this item
(1 Vote)

Elle avait de gros problèmes, était confuse, ne savait trop quoi penser. Ses mariages ratés continuaient de la hanter, et sa dernière idylle la laissait sur sa faim. Toute sa vie elle avait cherché le grand amour. Mais la malchance s'était acharnée sur elle. Elle approchait la cinquantaine maintenant. Elle aurait aimé se racheter aux yeux de sa famille et de la société, et faire la paix avec la religion. Mais il était un peu tard. Tant de cruches cassées, tant de morceaux à recoller...

Elle avait fait des erreurs, des folies même, pour plaire à tous ceux dont elle espérait l'amour rêvé. Si bien qu'à la fin elle s'épuisa, sans avoir réussi à ne plaire à personne.

À chaque pas elle craignait de se tromper, se demandait si elle ne pourrait pas faire mieux, se remettait en question, se sentait coupable de tout, même de ses meilleurs coups. Ses amis et ses maris le voyaient bien, et tous en profitaient en abusant d'elle. C'était une femme qui n'avait aucune confiance en elle-même. Elle s'était perdue en chemin. Elle n'existait plus...

Un jour, à l'heure où le soleil tape le plus fort, elle prit sa cruche vide et se rendit au puits pour y puiser de l'eau. Quelqu'un l'aborda et lui demanda à boire.

Situation très inhabituelle. Car ils étaient tous deux de races ennemies et de religions rivales. Pour comble, elle était femme et il était homme. Il était interdit qu'une femme se retrouve en public avec un autre homme que son mari ou son proche parent. Cela pouvait lui coûter la vie.

L'homme en question était Jésus. Selon son habitude, il ne s'embarrassa pas des barrières sociales et des tabous religieux. C'est lui qui fit le premier pas. La femme eut d'abord un mouvement de recul, puis elle se ressaisit. Elle n'en était pas à ses premiers écarts... Elle décida donc de faire face à la musique. La discussion s'engagea.

Jésus ne tarda pas à deviner que cette femme n'avait pas seulement soif d'eau. Il lui adressa des mots qui, dans le langage d'aujourd'hui, reviendraient à peu près à ceci : « Femme, arrête un peu ! Tu as une conscience? Écoute-la. C'est ta conscience qui fait que tu sois une personne et non une chose. Si tu es toi et non pas une autre, et si tu es libre, c'est grâce à ta conscience. Personne n'a de droit sur ta conscience. Personne n'a le droit de te juger. Ta conscience est tout ce que tu as de plus sacré.

On ne t'a jamais enseigné cela, je le sais. Et parce que tu n'en as jamais rien su, tu n'as jamais vraiment existé. Tu es tout éparpillée, déchirée en mille morceaux, accrochée à tout le monde et à rien. On t'a parlé de devoirs, d'obligations, de lois, de coutumes, d'usages; tu as voulu satisfaire à tout cela, sauf à toi-même.

On ne t'a pas dit que tu es grande, importante, unique. Et que la vérité est au fond de toi-même, et qu'elle te parle. Elle te dit que ce n'est pas un péché que tu aies cherché le grand Amour. Dommage que tu n'aies pas réussi...

Eh bien, moi je te dis que tu es habitée de lumière, de divin, et de tant de beauté ! Aucune religion ne peut t'enlever cette réalité au plus profond de toi-même. Ta conscience est la voix de cette beauté. N'aie pas peur de l'écouter. Elle n'est pas l'ennemie de Dieu. Pour ceux et celles qui croient en Lui, elle est le Don le plus grand que Dieu ait fait à l'être humain.

Suis ta conscience. Ne crains pas de penser « JE », de dire « JE » dans la lumière de quelqu'un plus grand que tout, qui est à l'origine de tout et qui t'aime par-dessus tout. Tu en es l'image. Il est « JE suis », et c'est ce que tu es toi aussi.

Oublie tes échecs. Ce grand Amour, tu te devais de le chercher, et tu devras continuer de le faire. Car c'est pour cela que tu existes. Cette soif te vient de celui-là même qui est Amour. De ce Dieu que bientôt on n'adorera plus sur le mont Garizim, ni au temple de Jérusalem, mais au fond du cœur. On l'adorera ' en esprit et en vérité' dans la clarté de la conscience qui fait de chaque être humain une 'personne'.»

La femme buvait ces paroles comme de l'eau coulant à gros bouillons dans son cœur assoiffé...Si bien qu'elle oublia là sa cruche vide et courut toute joyeuse annoncer aux gens de son village qu'elle venait de faire la découverte de sa vie.

Elle sentait qu'elle était en train de naître en vérité et qu'elle était aimée de Dieu. Les étiquettes tombaient. Tout ce qu'on connaissait d'elle : la samaritaine, fille de sangs mêlés et de religion semi païenne, la femme à la vie affective complètement ratée, l'amante qui, après avoir partagé sa vie avec six hommes, doutait d'avoir jamais été aimée pour vrai, tout cela semblait vouloir cesser d'exister.

Les voiles qui cachaient le vrai visage de la femme à la cruche vide s'envolaient dans le vent.

Elle devenait une «personne».

Jean 4, 1-30

Eloy Roy

Read 3823 times
Login to post comments